© Philippe Thouvenin février 2023 // L’équipe pose devant le nouveau four en terre crue qui vient d’achever à Barragem

 

Evangelos Batagiannis est architecte au sein d’Arte Charpentier. Depuis de nombreuses années, Evangelos s’intéresse aux formes de l’habitat, du logement collectif et des usages possibles des espaces habités. Cette recherche architecturale et son envie de partage d’expériences ont nourri son projet d’engagement au sein d’une mission humanitaire pour la construction d’un centre périscolaire au Mozambique.

En 2022, il avait participé à une première mission au Malawi. Nous lui laissons la parole pour raconter son expérience. 

 

Arte Charpentier a soutenu cette mission et s’engage depuis plusieurs années auprès d’associations aux missions variées, notamment Architectes solidaires et Rêves de gosse.
Encore imprégné de mon passage au Malawi en février 2022 (mission au Malawi) j‘ ai suivi depuis Paris la fin des travaux du camp de réfugiés situé à Djaleka. Malgré les difficultés rencontrées sur place, il me tardait de repartir avec l’association «Coup de Pouce Humanitaire »1 pour un second voyage. Une mission proposée durant la session 2022-2023 a particulièrement attiré mon attention : celle qui se déroulait au Mozambique.

 

© Evangelos Batagiannis février 2023 // Classe d’un établissement scolaire géré par l’association locale FSF dans un village à proximité de Barragem

 

La mission

La mission consistait à débuter la construction d’un centre d’accueil périscolaire pour les enfants du village de Barragem qui se trouve au sud du pays. Ce village est la première implantation de «Fraternidade Sem Fronteiras»2 au Mozambique, sur un terrain loué à la collectivité. Pour l’association, l’objectif est de favoriser l’éducation par l’accès à l’alimentation. Les enfants bénéficient d’un repas par jour et d’une demi-journée d’instruction scolaire.
 
Le nombre d’enfants s’est rapidement accru pour avoisiner les 1000 enfants pris en charge sur le petit terrain initial. La possibilité offerte d’acheter un nouveau terrain, plus grand, permettant d’accueillir plus d’enfants, a été l’occasion de lancer un projet de mission humanitaire.
L’association «Coup de pouce Humanitaire» a pour objectif de participer à la construction de ces classes, sans intentions architecturales au préalable. Les plans ayant déjà été conçus par l’association «Fraternidade Sem Fronteiras» (l’association présente sur place), l’objectif des trois équipes constituées par «Coup de pouce Humanitaire» était d’aider à la construction et non pas à la conception du projet. Cette mission, qui me tenait particulièrement à cœur, consistait à construire pour et avec les communautés locales, tout en utilisant des matériaux biosourcés. J’ai ainsi mis ma casquette d’architecte de côté: pendant ce séjour, je me suis appliqué à comprendre les besoins des habitants et à les accompagner dans leurs projets.
Le futur centre d’accueil périscolaire sera composé de 4 bâtiments « en dur », c’est-à-dire en terre et en parpaings. Les toilettes et l’espace de stockage auraient dû être construits avant notre arrivée (action non réalisée) et la première mission «Coup de Pouce Humanitaire» devait démarrer par la construction de la cuisine et du réfectoire.

 

Pourquoi cette mission ?

Je me suis engagé dans ce projet avec une vision à long terme auprès de l’association, en m’intéressant aux enjeux de développement durable. Faisant partie d’une petite équipe qui s’attelle à mettre en avant les efforts fournis par l’association pour répondre aux enjeux du développement durable, nous essayons d’inscrire nos missions dans le cadre des actions initiées par l’ONU dans ce domaine. Parallèlement, un des objectifs de l’association est d’encourager des missions qui allient développement durable et action concrètes, telles que le financement de projets d’infrastructures de base, l’objectif zéro plastique ou par exemple des dons en nature. La construction en terre crue faisait partie de cette stratégie, cet argument s’est révélé déterminant  lors de mon envie de prendre part à cette mission.
Comparé à ma première participation, cette fois-ci, donc, j’ai disposé de davantage de temps pour préparer la mission. Le chef d’équipe m’a proposé le rôle de trésorier. Il s’agissait de tenir des tableaux rassemblant des informations pour divers sujets, tels que les allergies des membres de l’équipe, les billets d’avion, les VISAS, les reçus fiscaux, les rôles de chaque volontaire etc. Mais aussi organiser le week-end sur place en binôme avec le chef de l’équipe et anticiper les besoins possibles comme les problèmes durant le séjour.

 

Le pays

Le samedi 28 janvier, nous avons quitté Paris sous un ciel nuageux et une température hivernale, direction Maputo, capitale du Mozambique. Pour se rendre à Barragem, il faut compter environ 22 heures de voyage. Le pays se trouve dans l’hémisphère sud, et avoisine le Malawi et la Tanzanie au nord, la Zambie et l’Afrique du Sud à l’ouest. Le Mozambique est connu pour ses côtes le long de l’océan indien. Au Nord, les côtes sont entrecoupées de falaises et de rochers. A l’opposé, au Sud au contraire nous trouvons des lagunes, des îles au décor paradisiaque, où l’on peut admirer des coraux et se promener sur des plages de sable blanc. 

 

© Evangelos Batagiannis février 2023 // Le Mozambique sur la carte et plage à Bilene, la destination de notre week-end

 

Le Mozambique est un pays qui peine à se développer notamment sur le plan économique 3 : cela est en partie dû à son histoire marquée par le colonialisme portugais, couplé à une certaine instabilité politique actuelle.
Depuis 2017, l’extrême nord du pays connaît un grand nombre d’attaques terroristes revendiquées par l’Etat Islamique, le reste du pays profite d’une relative stabilité politique. 

 

 1 – Pour plus d’informations sur l’association, consulter l’article précédent sur la mission au Malawi, ou le site internet de l’association : http://www.cdepouce.com/

 2 – Association brésilienne déjà vu au Malawi

3 – Source: https://www.tresor.economie.gouv.fr/