À la fin de l’année 2023, Simon Vindy-Marcel adresse une candidature spontanée à Arte Charpentier, exprimant son souhait de contribuer à des projets en Afrique de l’Ouest. Saisissant cette opportunité, l’agence décide de structurer une mission au Bénin via le programme V.I.E (Volontariat International en Entreprise) de Business France, dans un pays où elle est engagée sur plusieurs opérations, en études comme en chantier. Après une période d’immersion au siège parisien, Simon rejoint Cotonou courant 2024. Il participe aujourd’hui à la coordination de deux chantiers majeurs, symboles du développement urbain en cours dans le pays. Entre apprentissage accéléré de la maîtrise d’œuvre d’exécution et immersion dans un territoire au riche passé, il revient sur son parcours, son quotidien, et sur tout ce que cette expérience lui enseigne du métier d’architecte, des autres, et de lui-même.

Paysage du Bénin, photographies réalisées par Simon Vindy-Marcel lors de son V.I.E

Avant d’intégrer l’agence, connaissais-tu déjà le Bénin et de quelle manière ? En quoi ce nouveau poste t’a permis d’approfondir ton savoir et ta connaissance du Bénin contemporain et du royaume du Dahomey ?

Simon Vindy-Marcel: Suite à plusieurs expériences professionnelles en France durant mes études, c’est lors d’un stage de master que j’ai souhaité découvrir l’Afrique subsaharienne. Ayant déjà voyagé dans les régions du Maghreb et du Proche-Orient, cette partie du continent  représentait pour moi un territoire que je souhaitais depuis longtemps découvrir.

Ce premier stage, au Bénin, a été l’opportunité de partir à la rencontre de cette région. C’est ainsi que j’ai pu amorcer ma découverte de la riche culture qu’abrite l’ex-Royaume du Dahomey. Aujourd’hui basé au Bénin depuis plus d’un an au sein de l’équipe d’Arte Charpentier, cette immersion me permet d’approfondir chaque jour mes connaissances sur l’histoire, les héritages et la culture béninoise.

Paysage du Bénin, photographies réalisées par Simon Vindy-Marcel lors de son V.I.E

Peux-tu nous parler de ton expérience en tant que V.I.E (Volontariat International en Entreprise) chez Arte ?

Simon Vindy-Marcel: Cette connaissance du Bénin m’a permis, très peu de temps après l’obtention de mon diplôme, de rejoindre Arte Charpentier pour une mission de coordination du chantier, domaine trop peu abordé au cours des études d’architecture. La place que j’occupe sur les chantiers d’Arte Charpentier au Bénin, dans le cadre de ce contrat V.I.E, me permet d’acquérir une grande somme de compétences, rapidement, tandis qu’une mission équivalente en France demanderait probablement plusieurs années d’expérience.

Il est primordial pour la bonne avancée des travaux de veiller d’une part à optimiser le partage interne quotidien des informations, et la communication avec la maîtrise d’œuvre composée de plusieurs équipes basées dans différents pays. Tous les échanges et actions exécutées sur site doivent également être méthodiquement rapportées et tracées. Cela demande une grande rigueur à mon travail, parfois complexe à maintenir au vu du contexte empirique et pratique des chantiers.

Visite du chantier de GMK, mai 2025 – Yasmine Idris, Nahla Jajo-Legrand, Jérôme Le Gall, Simon Vindy-Marcel

Peux-tu nous présenter la dernière mission à laquelle tu as pris part, ainsi que ses objectifs comme son contexte ?

Simon Vindy-Marcel: Ma mission est de participer à la coordination et au suivi du chantier du complexe commercial GMK, démarré un an avant mon arrivée. Ce projet s’inscrit dans le cadre du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG), visant à renforcer les infrastructures du pays. L’un des objectifs est également de démanteler à terme le plus grand marché d’Afrique de l’Ouest, Dantokpa, situé à Cotonou et abritant plus de 35 000 commerçants sur une surface avoisinant les 20 ha.

Le chantier du complexe commercial GMK comprend donc la construction d’un grand marché couvert comptant environ 1 000 étals, 350 boutiques et une centaine d’espaces de restauration, mais également un grand parc végétalisé, des parkings et une place minérale (l’Agora) conçue pour accueillir des manifestations, spectacles et divers évènements. Pour assurer cette mission de coordination, je travaille en collaboration quotidienne avec l’équipe de Triumphus, sous-traitant local chargé de la Maîtrise d’œuvre d’exécution, ainsi que l’équipe parisienne d’Arte Charpentier.

Deux mois après mon arrivée, Arte Charpentier a été sollicitée pour le projet de restructuration du Stade National du Bénin, également situé sur le vaste site du Général Mathieu Kérékou (GMK). Construit et financé dans les années 1980 par le gouvernement chinois de l’époque — d’où son nom, le Stade de l’Amitié — cet équipement a depuis perdu son homologation, ne répondant plus aux exigences requises pour accueillir des rencontres internationales.

Ma mission a donc dû être élargie pour inclure la coordination de ce chantier dont l’organisation et la temporalité diffèrent de celui du complexe commercial. En effet, ce chantier implique plusieurs sous-traitants (quatre entreprises réparties par lots) contrairement au chantier du complexe commercial confié à une entreprise générale unique, des délais bien plus courts, une approche en réhabilitation plutôt qu’en construction neuve, et la nature très différente des sujets traités;

Les deux projets seront livrés avant la fin de l’année 2025, à quelques semaines ou mois d’intervalle tout au plus.

Chantier de GMK et Marché de Gbegamey, Cotonou, Bénin – copyright Eustache Ahomagnon

Qu’est-ce que t’apportes la vie au Bénin ?

Simon Vindy-Marcel: La mission dont je suis chargé entre ces deux projets continue de m’apprendre l’organisation et la gestion de chantiers d’envergure. Après quelques mois passés au Bénin il y a trois ans dans le cadre de mon stage, puis au fil de cette année d’expérience supplémentaire sur place, j’ai pris conscience de ce que représente une nation émergente : l’effervescence générale dans laquelle s’organise ce développement à grande vitesse, le nombre de projets de constructions d’ampleur, tous plus stimulants les uns que les autres.

Cette situation offre selon moi un cadre de vie passionnant pour un jeune architecte. Elle m’amène chaque jour à confronter mon éducation et mes repères à une autre culture, à d’autres manières d’aborder les situations, à d’autres visions du monde. J’y découvre une richesse humaine singulière, portée notamment par la chaleur des relations sociales : une bonne humeur constante, une communication spontanée et vivante, que ce soit pour échanger une simple information, trouver collectivement une solution face aux défis du quotidien, adresser un compliment ou exprimer une remontrance.

Le Bénin, en plus du décor naturel somptueux qu’il offre, et du climat comptant tout de même en moyenne 24 jours de soleil par mois, est une terre riche de culture, d’histoire et de magie. Cette terre m’apprend beaucoup, à tout point de vue. Je lui en suis reconnaissant.

Architecture du Bénin, photographies réalisées par Simon Vindy-Marcel lors de son V.I.E – Architecture vernaculaire : 1) Cathédrale Notre-Dame de la Miséricorde 2) les Tatas Sombas, classées au Patrimoine mondial de l’Unesco 3)  Palais royaux d’Abomey