
Créé il y a plus de 25 ans, le Studio offrait à l’origine une solution clé en main pour soutenir les projets d’architecture de l’agence. Enrichi par son savoir-faire et ses nombreuses réalisations, il diversifie désormais ses missions à des projets autonomes : aménagement preneurs, signalétique, design et scénographie, direction artistique, ainsi que l’acquisition et la valorisation de collections et d’œuvres d’art. Le Studio opère dans divers secteurs comme le retail, l’éducation, la culture, la santé et l’hospitality, renforçant ainsi sa contribution à la vision créative globale de l’agence.
À l’occasion de la publication de leur nouveau book, l’équipe du Studio s’est entretenue avec Jean-Philippe Hugron, journaliste spécialisé dans l’architecture, autour des grandes questions qui traversent aujourd’hui l’architecture intérieure et le design. Une discussion qui aborde la manière dont les architectes d’intérieur sculptent l’espace avec rigueur et sensibilité, tout en intégrant les enjeux contemporains : hybridation des usages, nouvelles formes de travail, hospitalité, durabilité, ou encore réemploi des matériaux.
© Cécile Septet
Comment envisagez-vous votre métier d’architecte d’intérieur et de designer ?
Notre métier implique une approche réfléchie de l’organisation d’un plan mais aussi ses circulations, l’articulation de ses fonctions, la conception d’un éclairage ou la mise en œuvre d’une matière spécifique. Nous venons, en d’autres termes, sculpter un espace donné. Pour ce faire, nous maîtrisons les perspectives, les transparences, les axes sans jamais oublier la dimension humaine. Nous donnons, en fin de compte, une ergonomie à l’architecture. Une vision d’ensemble et un sens de la mesure sont nécessaires, allant de l’intime au collectif.
Quels sont les thèmes qui vous mobilisent particulièrement aujourd’hui ?
Les modes de vie, de travail et de déplacement ont évolué, notamment en raison de l’impact majeur de la crise sanitaire qui a accéléré ces transformations. Aussi, parmi les thèmes qui nous intéressent, l’hybridation des usages occupe une place centrale. Il s’agit notamment de mélanger les codes domestiques et hôteliers au sein d’environnements professionnels. L’enjeu de cette stratégie est le bien-être au travail ou encore dans le milieu hospitalier. Les sociologues abordent ce nouveau thème sous le prisme de « l’hospitality ». Nous avions déjà identifié les germes de ces changements il y a de nombreuses années et nos projets ont su aisément absorber ces modifications. La situation actuelle ne fait, en réalité, que confirmer nos intuitions.
L’architecture intérieure est-elle en mesure de répondre aux enjeux contemporains, de la crise financière à la crise climatique en passant par la crise énergétique ?
A nos yeux, la restructuration est motivée par un désir d’habiter différemment un espace jugé obsolète. L’architecture intérieure peut, dans ces circonstances, se faire une science utile pour éviter la mobilisation de moyens financiers et matériels conséquents. Repenser des circulations, un éclairage, une acoustique sont autant de possibilités pour métamorphoser radicalement des lieux dans une économie serrée. Le secteur tertiaire n’est pas le seul concerné. La santé, l’éducation, le logement, et d’autres domaines peuvent également bénéficier d’interventions moins radicales et plus raisonnées.
Quelle approche adoptez-vous pour intégrer les préoccupations environnementales dans vos projets, notamment en ce qui concerne le choix des matériaux ?
Nos projets intègrent une dimension sensible et, par conséquent, une réflexion sur la matière, dont l’importance est d’autant plus significative que nous ne pouvons ignorer les préoccupations environnementales. Pour ce faire, nous misons sur des matériaux responsables. En ce sens, nous avons mis au point une matériauthèque, aujourd’hui un outil essentiel dans nos recherches et dans nos projets. Elle laisse une place importante aux matériaux innovants dont certains sont liés au recyclage ou au réemploi et implique des relations étroites avec les fabricants, les fournisseurs et les start-up les plus innovantes en la matière. Au-delà des qualités esthétiques et environnementales d’un produit, nous devons connaître sa mise en œuvre et les contraintes de son utilisation industrielle.

© Cécile Septet
L’éco-matériauthèque, initiée en 2020 et enrichie en permanence, s’impose aujourd’hui comme un outil central de la démarche responsable du Studio. Sa version digitale, développée en 2023, nous permet de garantir à chaque étape des projets le choix de matériaux innovants, durables et adaptés, en parfaite cohérence avec nos engagements environnementaux.
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