L’Opéra de Shanghai, devenu le « Grand Théâtre », comme le nomment les Chinois, a été le premier grand concours international pour un grand équipement culturel. Une quinzaine d’équipes, Américains, Australiens… avaient pris part au concours. Tout alla très vite dans une grande improvisation, le programme avait consisté en 2 pages 21×29,7. Lancé fin 1993, rendu et jugé en mai 1994, dans la foulée fin mai l’agence signait un contrat qui nous contraint de rendre 2000 plans au 1er octobre de la même année sous peine d’indemnités de retard. Toutefois personne n’avait prévu de rémunérer l’architecte. Andrew Hobson partit pour quelques jours pour les résultats, avec une brosse à dents, et resta 4 années sur place. Il solidifia nos relations avec les Instituts chinois, en particulier ECADI qui fut notre partenaire désigné pour le projet, et se révéla très compétent et très coopératif.

Après les balbutiements des dix ans de coopération technique, l’aventure chinoise commençait vraiment et notre sort était scellé : nous serions en Chine pour longtemps, à Shanghai d’abord puis dans tout le pays. L’Opéra initia les grands projets culturels, suivit un projet pour le concours de l’Opéra de Nanjing, mais c’est au Shanxi que nous en réaliserons deux autres, à Taiyuan et à Qinzhou.

Parallèlement à l’Opéra, la Municipalité de Shanghai nous confia nos premiers grands projets urbains, en particulier la Place Centrale de Pudong, premier espace public majeur d’une grande métropole, alors que la ville chinoise traditionnelle évitait depuis des millénaires les lieux de possibles rassemblements, grande comme la Place de la Concorde, sous laquelle arrivait le métro. Elle devait desservir le siège de la Municipalité de Pudong, l’entrée au Parc Central et le Musée des Sciences. Elle était à 6 km du fleuve et de Puxi, la ville ancienne, à laquelle il fallut la relier. Ce fut l’objet du concours de l’Avenue du Siècle, où nous réalisions les « Champs Elysées de Pudong » sur 5,5 km de long et 100 m de large, conçue comme une longue succession de jardins ouverts ou secrets, sur le sol naturel, et jalonnée d’une série de places à chacun des carrefours. Colonne vertébrale de la nouvelle ville, elle en préfigurait les développements futurs. Le siège de General Motors esquissait une typologie possible de bâtiments, mais la Tour Jinmao, par SOM, donna le signal de l’avènement des tours toujours plus hautes. Cette décennie préparait les quartiers écologiques du siècle et du millénaire futurs, celui de Wanli fut exemplaire pour ses typologies de logement à cour jardin, pour sa distribution autour de parcs et pour ses performances environnementales.

Dans le même temps Puxi voulait aussi se moderniser et nous transformions un premier tronçon de la rue de Nankin, recevant 2 millions de piétons par jour, pour faire disparaitre les voitures. En 2002 nous implantions une filiale à Shanghai que dirigent Zhou Wenyi et Pierre Chambron. En 2012 ils publièrent un ouvrage récapitulant les nombreux projets réalisés durant cette décennie : Centre de Visa, Tour Luis, réhabilitation de la Cité de la Mode et du quartier de Sinan Mansions…

Après 15 ans de grands travaux à Shanghai et de grands équipements, les modèles shanghaiens se diffusèrent dans le pays.

En 2012 Arte Charpentier livrait la Maison des citoyens à Wuhan où la Municipalité regroupa l’ensemble de ses services dédiés aux habitants. Bâtiment iconique, pionnier en ce qui concerne l’environnement, il inaugura  pour l’agence une série de grands projets urbains, en cours, dans cette métropole du Centre : le Quartier d’Affaires de Wuchang sur 140 hectares en bordure du fleuve, l’écocité sino française de Caidian et le secteur de démarrage de la Presqu’ile.

Si en France Arte Charpentier a su fidéliser sur le long terme des partenaires privés, en Chine c’est surtout pour des clients publics, acteurs des Municipalités, que nous travaillons. L’engagement d’Arte Charpentier Paris et de ses différents métiers aux côtés de la filiale se renforce régulièrement.